Les huiles essentielles : l'alchimie aromatique
- Estelle Pomeyrol
- 13 sept. 2019
- 4 min de lecture
L’aromathérapie est l’utilisation thérapeutique des extraits aromatiques des plantes. Inventée par René-Maurice Gattefossé, pharmacien français, au début du XXème siècle, le terme vient du latin « aroma » signifiant odeur et du grec « therapia » signifiant « thérapie ».
Une huile essentielle est le produit obtenu (un extrait liquide concentré) à partir de la matière première végétale des organes de la plante (fleur, feuille, bois, racine, écorce, fruit,…). La quantité d’huile essentielle contenue dans les plantes est faible.
Différents modes d’extraction
L’expression permet de récupérer l’essence naturelle par simple pression du péricarpe des agrumes.
La distillation à la vapeur d’eau permet d’obtenir de l’hydrolat (aussi appelé eau florale) et en surface de l’huile essentielle.
L’enfleurage (utilisé pour les fleurs les plus fragiles : mimosa, jasmin, violette, jonquille, lotus, …) permet d’obtenir un absolu en mettant une matière grasse sur la plante et en recueillant ensuite la substance.
4 critères de qualité :
Dans l’approche thérapeutique que préconise l’école française d’aromathérapie, seules les huiles essentielles et les hydrolats obtenus par la distillation à la vapeur d’eau et les essences naturelles extraites par expression de qualité intégrale et entièrement naturelles sont utilisées.
100% naturelle
L’exigence d’un produit 100% naturel exclut les produits de synthèse.
100% pure
L’exigence d’un produit 100% pur exclut les huiles essentielles qui ont été coupées avec d’autres produits ou encore « rectifiées ». Par exemple, l’huile essentielle de rose peut être coupée avec de l’huile essentielle de géranium et vendue à des prix trop intéressants. Ou encore la sauge sclarée peut être dénaturée, c’est-à-dire que la molécule lourde « sclaréol » (oestrogen-like) peut être séparée de l’huile essentielle et vendue à l’industrie cosmétique comme fixateur. L’huile essentielle de sauge sclarée n’a alors plus d’effets sur le système hormonal féminin.
100% intégrale et complète
Cette exigence concerne la distillation à la vapeur d’eau et à basse pression et doit permettre, par sa durée étendue, de récupérer l’ensemble des fractions aromatiques de « tête » et de « queue ».
100% botaniquement et biochimiquement définie
Ce critère exige que des espèces de lieux géographiques différents et parfois même d’espèces différentes ne soient pas mélangées. Il faut la dénomination scientifique latine : identification de la famille botanique, du genre et de l’espèce. Il faut par ailleurs identifié la spécificité biochimique qui peut apparaître dans certaines espèces grâce à leur terroir. Connaitre le chémotype de la plante permet d’avoir une action thérapeutique plus ciblée et d’avoir des informations sur la toxicité de la plante. Par exemple, pour le romarin officinal, le chémotype peut être :
Verbénone : origine Corse, dérèglement endocrinien, insuffisance hépatique ou immunitaire, ==> neurotoxique, abortive, interdite aux femmes enceintes, allaitantes, aux enfants en bas âge et aux personnes épileptiques
Cinéole : origine Maroc, affections de la sphère ORL ==> attention chez les asthmatiques
Camphre : origine sud de la France, inflammations broncho-pulmonaires, cellulite ==> neurotoxique, abortive, interdite aux femmes enceintes, allaitantes, aux enfants en bas âge et aux personnes épileptiques
Identification de l'huile essentielle :
Ainsi pour identifier une huile essentielle, plusieurs critères font partie d'une exigence de qualité, pour éviter toute falsification et risques pour la santé.
Le flacon d'huile de bonne qualité doit comporter :
Le nom commun de la plante ==> Lavande aspic
Le genre ==> Lavandula
L'espèce ==> latifolia spica
L'organe producteur ==> sommité fleurie
Le chémotype ==> 1,8 cinéole, linalol, camphre,
L'origine géographique ==> Bulgarie
La garantie d'extraction ==> Bio

Administration des huiles essentielles

Ordre de grandeur d'utilisation des HE
Pour un usage cosmétique, c’est à dire à la surface de la peau, sur l’épiderme (ex : des pores dilatés, les points noirs, le grain de peau, les rides) : 1%
Pour une action dermo-cosmétique, c’est à dire sur le derme, plus en profondeur (ex : sur les vaisseaux sanguins comme dans le cas de la couperose) : 3%
Pour une action bien-être, sur le système nerveux, on monte à 5%
Pour une action sur la circulation, les muscles, les tendons (soulagement physique) : 10%
Pour une action lipolytique, sur les graisses : 20-30%
Pour une action locale puissante (soin thérapeutique
) : 30%
Dose cumulée (cutanée + orale) par jour
20 gouttes pour un adulte
10 gouttes avant la puberté
5 gouttes entre 6 et 8 ans
En dessous de 2-3 ans ==> se référer à un aromathérapeute
Représentation physico-chimique des molécules aromatiques des HE
En France, les molécules aromatiques des huiles essentielles sont représentées sous forme de schéma. En se basant sur le bio-électronigramme de Vincent, Pierre Franchomme a classé les huiles essentielles selon leurs facteurs électromagnétiques. Elske Miles explique que les molécules aromatiques des huiles essentielles « peuvent libérer des électrons ou, au contraire, les capter, créant selon le cas, une charge électrique négative (…) ou positive dans leur environnement ».
Cette activité électrique apporte des propriétés énergétiques aux molécules. Les positives sont toniques et stimulantes alors que les négatives sont anti-inflammatoires et calmantes.
La représentation physico-chimique des familles de molécules aromatiques reprend donc de manière simplifiée les valeurs électriques du bio-électronigramme de Vincent et les travaux de Pierre Franchomme.

Propriétés des molécules des HE
P. Belaiche avait pour règle de prescrire en infectiologie une formule contenant :
Une huile essentielle dite majeure
Une seconde huile essentielle dite majeure
Une huile essentielle d’action complémentaire
Une huile essentielle de terrain.
Il est à noter qu’il existe rarement une résistance microbienne à une huile essentielle contrairement aux antibiotiques. Le Dr Willem explique que, d’après lui, c’est parce que l’huile essentielle est naturelle. Le corps la reconnaît.

Avicenne (980-1037) a énoncé le principe fondamental suivant : « Le tout est plus grand que la somme des parties ». Il s’agit donc d’utiliser le totum : l’ensemble des constituants de la plante et des substances naturelles la composant. Ce principe défie les lois mathématiques car dès lors : 1+1 > 2. Ainsi utiliser des huiles essentielles en synergie apporte des propriétés nouvelles et autres que celles spécifiques à chaque plante.
Toxicité des huiles essentielles


Le plus grand problème de l’aromathérapie est l’allerginicité : appliquer 1 à 2 gouttes dans le creux du coude et attendre quelques minutes pour déterminer l’absence de réaction
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Sources :
Abrassart Jean-Louis – Aromathérapie essentielle : huiles essentielles et parfums pour le corps et l’âme – Maisnie Trédaniel éditeur, mars 1999
Festy Danièle – 100 réflexes HE au féminin – Leduc, 2007
Guérault Guillaume, Sommerard Jean-Charles, Béhar Catherine, Mary Ronald – Guide de l’olfactothérapie – Albin Michel, 2011
Miles Elske – le grand livre des huiles essentielles pour les nuls – First, 2016
Odoul Michel et Miles Elske - La phyto-énergétique - Albin Michel, Développement personnel, 2004
Willem Jean-Pierre – Les huiles essentielles, médecine d’avenir – édition du Dauphin, 2002
Merci pour cet article, très bien détaillé et documenté.